Depuis plusieurs mois, les services techniques d’ORES (gestionnaire wallon de réseaux de distribution d’électricité et de gaz naturel) effectuent de nombreux remplacements de luminaires sur l’ensemble du territoire tournaisien. En effet, la technologie LED est la mieux adaptée actuellement pour prendre la relève des anciennes lampes.

Les raisons sont de trois ordres :

  • Écologique: les LED sont moins énergivores. On estime qu’après 10 ans, le parc d’éclairage public couvert par ORES évitera l’émission de 30.000 tonnes de CO2, soit l’équivalent de 15.000 voitures.
  • Économique : les LED demandent moins d’entretien et ont une durée de vie plus longue que les technologies d’éclairage actuelles.
  • Pour le bien-être des citoyens : un nouvel éclairage public permettra de diminuer la pollution lumineuse, d’uniformiser les luminaires présents sur le territoire communal et d’obtenir ainsi un meilleur rendu des couleurs.

Organisation du remplacement

1.800 luminaires ont déjà été remplacés sur la commune de Tournai depuis le début de cette campagne. Un peu plus de 1.400 points supplémentaires seront renouvelés d’ici fin de l’année, voire début 2022. Cette cadence moyenne (1.400 points par an) permettra de changer, d’ici 2030, les 15.000 points d’éclairage public installés actuellement sur la commune de Tournai.

Le tableau ci-dessous reprend les puissances et consommations (en kWh et euros) de l’éclairage public sur la commune de Tournai avant la campagne de remplacement et ensuite à la fin de celle-ci. Il s’agit bien entendu d’estimations mais cela illustre bien le gain important en économie d’énergie qui sera réalisé par la commune.

L’éclairage public, une question de sécurité ?

L’obscurité renforce le sentiment d’insécurité. Est-ce pour autant que des routes fortement éclairées vont diminuer les accidents de la route ? Si les automobilistes comptent sur l’éclairage public pour détecter et anticiper des obstacles à une certaine vitesse, le sur-éclairement des voiries, censé améliorer leur confort de conduite, peut être source d’accidents. Il donne aux automobilistes une impression de fausse sûreté et il les incite à rouler plus vite là où une vitesse modérée s’impose. L’éblouissement des conducteurs peut aussi accroître le risque d’accident.

La sécurité publique, en termes d’éclairage du domaine public, n’est pas liée directement au niveau d’éclairement des rues et des espaces, mais il est important d’éviter la création de « trous noirs ». En effet, l’œil humain, en particulier dans sa vision nocturne, est sensible aux différences de contrastes (à la « luminance » qui est l’impression lumineuse que reçoit l’œil d’une surface par rapport à son environnement). Il est donc généralement possible d’abaisser le niveau d’éclairement d’ensemble en conservant les différences relatives de contrastes.

Des nuisances diverses sont également constatées par certaines lampes mal situées. Celles-ci peuvent être sources de lumière intrusive qui pénètre dans un logement et trouble l’intimité des habitants voire éventuellement leur sommeil. Cet éclairage mal approprié peut aussi favoriser des attroupements nocturnes répétés avec leurs désagréments pour les riverains tels que des conversations animées, des claquements de portières, etc.

Coût financier pour la commune

On peut déjà observer une diminution suite au remplacement progressif des lampes, mais le budget lié à l’éclairage public constitue encore une belle part du budget total de la Ville :

2017 : 10,4 %

2018 : 9,47%

2019 : 8,92%

2020 : 8,22%

Impact sur l’environnement

La lumière naturelle et ses cycles sont indispensables pour les organismes vivants. Or, l’éclairage artificiel, quel qu’il soit, altère les cycles lumineux naturels et modifie l’illumination de l’environnement, càd son intensité et ses caractéristiques spectrales. La lumière artificielle modifie donc les comportements, les fonctions physiologiques et les rythmes biologiques des êtres vivants. En fonction des espèces, la lumière artificielle modifie les comportements en entraînant des réponses de type attraction/répulsion ou orientation/désorientation qui affectent la locomotion, l’alimentation, la communication et la reproduction.

A plus grande échelle, la lumière artificielle, en créant une nouvelle niche écologique, impacte les écosystèmes. Elle modifie ainsi les compétitions inter/intra-espèces, les équilibres proie/prédateur, l’organisation des communautés d’espèces, contribue à la fragmentation des habitats et agit en tant que facteur de sélection en modifiant la diversité des populations naturelles.

A titre d’exemple, une étude publiée en août 2017 dans la revue Nature estimait que les visites des pollinisateurs nocturnes baissaient de 63 % sur les sites éclairés artificiellement en comparaison de sites non illuminés. Les chercheurs ont également démontré que la production de fruits diminuait de 13 % sur une espèce végétale lorsqu’elle était exposée à trop de lumière.

Il est important de préciser que l’éclairage artificiel peut être plus ou moins proche de la lumière du jour. Plus la lumière est blanche, plus elle correspond à la lumière du jour avec un spectre de lumière complet, y compris le bleu. Cette lumière est celle qui impacte le plus la biodiversité. Pour moins perturber le vivant plusieurs recommandations peuvent être faites :

  • Privilégier les lumières à hautes longueurs d’ondes (>560nm) et à faible température (< à 3000 Kelvin), il s’agit des lumières jaunes-oranges-rouges qui existent aussi en LED ;
  • Isoler les ampoules pour empêcher la pénétration d’insectes ;
  • Orienter le flux lumineux vers le bas ;
  • Supprimer au maximum l’éclairage autoroutier ;
  • Ne pas éclairer directement les plans d’eau ;
  • Avoir une attention particulière pour les sites de nidification ;
  • Diminuer au maximum l’éclairage artificiel en début et fin de nuit.

L’impact de l’éclairage sur la santé humaine

 

Comme chez les autres vertébrés, l’éclairage artificiel affecte les rythmes biologiques de l’homme en déréglant certains processus hormonaux liés aux cycles jour/nuit. C’est la composante bleue de la lumière blanche qui a le plus d’effets nocifs sur la santé notamment en influençant la production de mélatonine, hormone qui affecte, en autres, le sommeil, la reproduction et le vieillissement. En outre, la mélatonine a un rôle d’antioxydant pour l’organisme, avec un effet inhibiteur sur les radicaux libres, qui peuvent favoriser l’apparition de cancers.

 

De plus, un lien direct de la surexposition à la lumière artificielle sur la rétine et la cornée est également démontré avec une altération du renouvellement cellulaire, de la synthèse des pigments visuels, de la pression intraoculaire et des flux sanguins.

Enfin, le monde scientifique avance des effets plus larges de la modification du rythme circadien et du sommeil chez l’homme comme l’obésité, le diabète, la santé cardiovasculaire et la dépression.

RECYCLAGE

Les luminaires, les lampes et les équipements électriques nécessaires à leur bon fonctionnement doivent être considérés comme des déchets dangereux. Ils doivent faire l’objet d’un traitement adapté afin d’en extraire les éléments polluants (ex : mercure, …). Une procédure de recyclage des lampes est établie depuis plusieurs années chez ORES. Les autres composants des luminaires sont traités dans les filières classiques (métaux, plastiques, électronique, …) par ORES et ses entrepreneurs. Le respect de l’environnement est évidemment pris en compte dans toutes les procédures en vigueur.

Trame noire et projet pilote

La Ville de Tournai s’est lancée dans la planification d’une stratégie d’éclairage nocturne dans un objectif de prévention et de réduction de la pollution lumineuse. Elle est accompagnée par l’ASBL Espace Environnement, dans le cadre de ses missions pour la Maison de l’Environnement, afin d’envisager des solutions opérationnelles pour assurer une sobriété lumineuse sur l’entité et installer un espace de dialogue constructif entre les acteurs impliqués.

En 2020, un projet d’expérimentation pilote est lancé à l’échelle du village de Rumillies. Il pourra ensuite être étendu à l’ensemble de l’entité tournaisienne. Dans ce cadre a été constitué un groupe de travail mettant en présence des experts sur les différents niveaux d’impact de la pollution lumineuse (santé publique, biodiversité, patrimoine, dépenses énergétiques et sécurité) ainsi que des habitants de Rumillies souhaitant s’impliquer dans le projet.ne sobriété lumineuse sur l’entité et installer un espace de dialogue constructif entre les acteurs impliqués.

Interrompu au mois de novembre en raison des conditions sanitaires, le projet reprend en 2021.