Un  moratoire wallon sur l’implantation de centres commerciaux en dehors des centres-villes : pour Tournai, c’est trop tard !

Dans quelques semaines, le centre commercial des Bastions rénové sera inauguré en grande pompe par les autorités politiques tournaisiennes. Il aura doublé sa surface commerciale (actuellement 15 000m2)  à laquelle il faut ajouter le nouveau Retail Park de 10 000 m2.

Lors de la pose de la première pierre en 2014, le Bourgmestre Rudy Demotte insistait sur les emplois qui seraient  créés grâce à la rénovation des Bastions : « Ce qu’on peut acheter à Tournai, c’est de l’emploi qu’on crée à Tournai. Tout simplement. Les Bastions, c’est aujourd’hui 300 emplois. Et 200 nouveaux postes doivent être créés avec ce projet.”

Ces bonnes paroles seront sans doute reprises dans les discours prononcés lors de l’inauguration prévue justement durant une année électorale. Et ce n’est pas tout, on essaiera aussi de convaincre les Tournaisiens que les commerces des Bastions et du centre-ville sont complémentaires. Or, aujourd’hui, nous pouvons constater que ces bonnes paroles  sont contestées par d’autres hommes politiques à d’autres niveaux de pouvoir. Mais aussi par des experts qui se sont penchés sur l’état moribond de nombreux centres-villes en France et en Wallonie.

Le Ministre Di Antonio a un discours très clair : « Le futur schéma de développement territorial wallon, interdira  les centres commerciaux de plus de 2.500 m2 en-dehors des centres ville et en périphérie sauf à démontrer qu’une installation périphérique ne porte pas préjudice aux commerces des centres urbains environnants ».

Une bonne nouvelle pour les écologistes.  A Tournai, Ecolo a toujours contesté avec virulence la décision d’étendre les Bastions, craignant la mort du commerce en centre-ville. Nous étions bien LES SEULS à dénoncer ce projet, les autres mandataires tournaisiens dénonçant à l’unisson la position d’Ecolo, fossoyeurs d’emplois dans une ville en crise ! Que vont-ils dire aujourd’hui alors que la crise du commerce à Tournai ne fait que s’amplifier.

Hasard du calendrier, une étude publiée en France apporte des arguments en béton pour soutenir la  proposition du Ministre wallon.  Dans de nombreuses villes moyennes françaises, les commerces continuent de fermer leurs portes. Avec de nombreuses conséquences négatives qui menacent la vie même dans les villes : logements désertés dans les rues commerçantes, difficultés pour les personnes à mobilité réduite et les personnes âgées de trouver des commerces de proximité dans leur quartier (boucherie, boulangerie…). L’étude pointe du doigt les mauvais choix politiques qui consistent à accepter l’implantation de commerces dans les périphéries des villes.  « si des emplois sont bien créés, davantage encore sont détruits dans les centres-villes »…

Centre ville de Gand

En comparaison, les villes moyennes allemandes et italiennes, et plusieurs villes flamandes. Comme Gand, Malines et Bruges, qui ont misé sur la qualité de vie à l’intérieur de la ville, s’en sortent beaucoup mieux.

Les responsables politiques tournaisiens diront sans doute qu’ils y pensent aussi et qu’ils ont réalisé des travaux de rénovation du centre-ville pour le rendre attrayant.  Pourtant, contrairement aux décideurs allemands et flamands, ils ont été incapables de poser un choix clair et audacieux en faveur des commerces et de leur ville : en encourageant le développement des commerces en périphérie, ils ont détruit le commerce dans les quartiers et dans le centre-ville, malgré les travaux engagés pour sa rénovation.

 

 

Ecolo ne participera pas à l’inauguration de cette extension folle des bastions. En aucun cas nous ne pouvons soutenir un tel non sens économique. Il est grand temps que des politiques audacieuses soient menées pour développer le centre ville sans le détruire. Ce ne sont pourtant pas les solutions qui manquent. Mais sans doute va-t-il falloir attendre la prochaine législature. Une fois que les cartes seront rejouées, au vu de l’incapacité des partis traditionnels de développer une vision à long terme du commerce au centre ville.

Bientôt une multiplication de ce genre de messages dans le centre-ville? C’est possible et c’est notre combat depuis des années